 Lapu Lapu Les Philippines sont un archipel d’environ 7000 îles, réparties sur plus de 1850 km dans l’Ouest de l’océan Pacifique. Moins de 3000 de ces îles sont nommées. Les 11 plus grandes îles constituent 90% de la surface globale de l’archipel. Les tribus qui s’y installèrent au cours des siècles derniers sont originaires d’Inde, d’Asie du Sud-Est, de Chine et d’Indonésie. La majorité de la population est constituée de Philippins apparentés aux Malais. L’art du Kali remonte, dans l’histoire ancienne des Philippines, à la période antérieure à l’empire Majapahit qui domina l’Asie du Sud-Est de 1293 à environ 1500. L’armée Majapahit était composée des meilleurs guerriers d’Asie du Sud-Est. Ils venaient tous avec leur style propre. Le Kali pour les Philippins, le Muay Thai et le Krabi Krabong pour les Thaïlandais, le Pencak Silat pour les Indonésiens et les Malais. Nous prenons le symbole de l’empire Majapahit, le taureau, comme un lien. Le taureau était un symbole de puissance et le cercle au-dessus de sa tête un symbole de force spirituelle.  Le 16 mars 1521, l’explorateur portugais Ferdinand Magellan naviguait autour du monde et explorait de nouvelles routes de commerce pour le compte de l’empire d’Espagne. Il arriva à l’île de Zamal (Samar) qui faisait partie d’un archipel qui sera par la suite nommé Philippines d’après le roi d’Espagne Philippe II. Lorsque le 7 avril 1521 Magellan arriva à Cebu pour se réapprovisionner, il fut reçu avec beaucoup de dignité par les natifs. Quand le prince de tribu Lapu-Lapu, de l’île voisine de Mactan, refusa à Magellan sa demande de provisions, celui-ci décida d’envahir l’île de force. Le 17 avril 1521, ses trois navires arrivèrent à l’île de Mactan. Les Espagnols, encombrés de leurs lourdes armures, pouvaient difficilement se mouvoir dans une eau à hauteur de genou. Ils étaient déjà attendus et furent attaqués par les natifs. La bataille fut un désastre total pour les Espagnols. Le capitaine Magellan y perdit la vie. Un seul navire retourna en Espagne, complétant son voyage historique le 6 septembre 1522. C’était la premiére navigation reconnue autour du monde. La mort de Magellan et la victoire contre les Espagnols firent de Lapu-Lapu le premier héros de guérilla de l’histoire des Philippines. Malgré cette bataille historique, Les Philippines demeurèrent sous domination espagnole jusqu’à la fin du XIXe siècle, avant d’être cédées aux Etats-Unis. Après la conquête japonaise en 1941/42, et la récupération américaine en 1944/45, les Philippines accédèrent à l’indépendance en 1946. Au cours des siècles et avec l’influence des différentes tribus et cultures des Philippines, les Arts Martiaux se développèrent et devinrent extrêmement efficaces. Les trois noms les plus connus sont Kali, Eskrima et Arnis. Kali est le terme le plus ancien, issu du Cebuano, dialecte des îles du centre. “Ka” viendrait de Kamut (main) et “Li” de Lihok (mouvement). Kali pourrait ainsi être traduit par “mouvement de la main”. Les occupants espagnols nommèrent l’Art Martial des Philippins “Eskrima”, qui dérive du mot espagnol “Esgrima” désignant l’escrime ou un bref combat. Au début les Arts Martiaux philippins étaient bien vus des Espagnols. Ils les trouvèrent par la suite trop dangereux. Vers 1596, cet Art devint impopulaire, et en 1764 sa pratique fut complètement interdite. Cette mesure s’inscrivait dans une tentative de détruire toute la culture philippine. Des livres furent brûlés et l’alphabet indigène interdit. Sous une forme déguisée, les Philippins gardèrent leur culture vivante en incorporant des mouvements de Kali dans leurs danses religieuses Moro-Moro, et en tissant l’alphabet dans les motifs décoratifs de leurs vêtements. Impressionnés par leurs danses et les mouvements talentueux des mains, les Espagnols nommèrent cet Art d’après les protections qu’ils portaient aux mains, les “arnes”. Avec le temps, ce mot devint “Arnis”. Durant l’occupation espagnole, plusieurs nouveaux styles émergèrent, qui sont aujourd’hui considérés classiques. Par exemple, “Espada y daga”, qui signifie en espagnol “épée et couteau”, est un type particulier d’Art Martial, copié des Espagnols puis développé par les Philippins. Abecedario est un style célèbre dont le rythme est issu de celui de l’alphabet. Vers la fin du XIXe siècle, un mouvement de résistance contre l’occupation espagnole fut formé par le Dr. Jose Rizal et dirigé par son ami Andres Bonifacio. Ce mouvement s’appelait “Ang Kataastaasan Kagalanggalagang Katipunen ng Anak ng Bayan” (Société honorable des fils de la nation), en bref “Katipunan” ou “Triple K”. Ce mouvement de résistance causa aux Espagnols des pertes sévères, et constitua un tournant majeur dans l’histoire des Philippines. Ces événements sont commémorés dans le drapeau national. Les trois coins du triangle blanc rappellent les trois “K” de la résistance, et les huit rayons de soleil renvoient aux huit premières provinces qui se soulevèrent contre les Espagnols.  L’attaque du navire de guerre américain “Maine” près de Cuba en 1898 déclencha la guerre hispano-américaine. Les Espagnols furent forcés de céder les Philippines et d’autres îles aux Etats-Unis. Ceci ne constitua néanmoins pas une libération pour les Philippins, mais juste un changement d’occupant. Le 24 Août 1898, le malaise civil causa une révolution. Le général américain John Pershing mena ses troupes dans une guerre de quatre ans jusqu’à la défaite des rebelles. Les Moros musulmans du Sud des Philippines toutefois ne cessèrent pas d’attaquer les Américains ni ne voulurent accepter leur loi étrangère. A la fin, les combattants Moros étaient si féroces que les Américains leur donnèrent le nom de “Juramentos”, les “fous furieux”. Les rapports entre Philippins et Américains changèrent en 1941. Dix heures après Pearl Harbor, les Japonais envahirent á la fois Pearl Harbor et les Philippines. Les Philippins et les Américains combattirent ensemble les Japonais dans la jungle. Les Philippins s’avérèrent extrêmement efficaces dans le maniement des couteaux et des machettes et eurent un impact particulièrement significatif. Les patrouilles de guérilla se déplaçaient doucement dans la jungle en formation triangulaire. Le coin avant du triangle était occupé par le meilleur combattant, dont la tâche était de désarmer ses adversaires et les rendre incapables de poursuivre le combat. Les deux guerriers suivants étaient responsables d’achever les adversaires déjà blessés. Les hommes d’élites de ce “Special Forces Battalion” étaient toujours d’extraordinaires combattants de Kali Arnis Eskrima. Ils utilisaient de courtes machettes pour affronter leurs envahisseurs japonais. Bien que les Japonais aient souvent été armés de baïonnettes, d’épées et de pistolets, ils souffrirent de lourdes pertes durant cette guérilla. En 1946, après la Seconde Guerre Mondiale, les Philippines déclarèrent leur indépendance. Cet événement eut une influence remarquable sur les Arts Martiaux Philippins. Jusqu’à ce jour, l’Art était surtout enseigné à huis clos. Le Kali, l’Arnis et l’Eskrima devinrent de plus en plus populaires. En 1965, Ferdinand E. Marcos fut élu président des Philippines. En 1972, il déclara la loi martiale. En 1989, les Philippines devinrent une république démocratique par vote populaire. Depuis, les Philippines expriment de plus en plus leur culture et leurs traditions. Les Arts Martiaux nationaux furent progressivement ravivés. Aujourd’hui il y a de nombreuses écoles de Kali Arnis Eskrima aux Philippines. L’enseignement du Kali était gardé strictement au sein de la communauté philippine jusqu’à la fin des années 1960, quand il fut introduit aux Etats- Unis par des maîtres tels que Angel Cabales. Même alors, les instructeurs enseignant dans les années 1960 et 70 étaient souvent réprimandés par leurs aînés, parce qu’ils enseignaient publiquement une partie de leur culture qui avait été préservée par le secret. Aujourd’hui le Kali est enseigné aux militaires philippins ainsi qu’à des groupes américains tels que les Navy Seals, Army Special Forces et Delta Force. De plus, les Marines philippins sont tenus d’apprendre, comme faisant partie de leur entraînement, les bases du combat de couteau du Kali. Après la Seconde Guerre Mondiale, de nombreux Philippins émigrèrent aux Etats-Unis. Une grande majorité s’installa à Stockton, en Californie. Stockton est actuellement la plus large colonie philippine en-dehors des Philippines. Beaucoup des célèbres maîtres d’aujourd’hui tels que Angel Cabales, Max Sarmiento, Mike Inay, Leo Giron, Dan Inosanto, etc. furent entraînés dans cette région ou y enseignèrent. |
